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Le berger d'Hornu

Jacques (surnommé Charles par son entourage) est né le 12 avril 1840 à Feylange, près d'Arlon, où ses parents s'étaient arrêtés pour travailler une saison. Il grandit comme un sauvageon et à 19 ans, il s'enrôla au 2ème régiment de chasseurs à cheval. Il ne tarda pas à se distinguer par son mauvais caractère. Il était marqué par un vice qui le poussait à voler, ce qui lui valut la déchéance militaire et 3 ans de "brouette". Rendu à la liberté et n'ayant aucune fortune, il passa de petits travaux en petits travaux mais se fit toujours congédier à cause de son caractère irascible et vindicatif.

 

Il arriva par la suite à Hornu où il rencontra Constance Havrez, fille de berger. Ils se marièrent le 5 avril 1866. Jacques travailla dans les fermes et pu ainsi approcher les marchands de bestiaux.

Son beau-père décida un jour de faire le partage anticipé de ses biens avec ses enfants. Jacques profita de l'aubaine et pratiqua l'élevage de moutons pour son propre compte. Il s'activa alors à faire prospérer son installation. Il employait tous les moyens pour arrondir sa bourse, de façon brutale et sans scrupule. On disait de lui qu'il était plus fort pour se battre que pour travailler. A cela s'ajoutèrent le goût du genièvre, la passion du jeu et même le troussage de jupons. Alors que sa femme était malade, il introduisit, sans vergogne, sa maîtresse au foyer familial. Le médecin était incapable de déceler le mal dont souffrait Constance.

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Jacques loua les services d'un vieux berger, ce qui lui permit de faire fructifier ses affaires. Il racheta 33 moutons aux Thyrion dont il enviait la fortune. "Et s'ils disparaissaient ?" se dit-il. Un plan diabolique germa alors dans sa tête.

Les frères Thyrion, au nombre de 3, étaient des marchands de bestiaux renommés dans le pays ardennais.

Le 12 mars 1868, Nicolas, un des frères, était en tournée dans la région de Mons. Le hasard fit qu'il rencontra Jacques Dessous le Moustier qui, en vieille connaissance, le guida vers des clients éventuels. Les ventes étant fructueuses et bien arrosées, Nicolas, satisfait mais las, attendait que le berger l'invite à passer chez lui pour toucher le dernier tiers du prix du troupeau vendu dernièrement. Nicolas se jeta alors dans la gueule du loup ! Il s'enivra, voulu repartir, tituba, se dirigea vers la porte mais là, le berger aux aguets lui sauta dessus et l'étrangla de toutes ses forces. Il s'en débarrassa ensuite en le jetant dans le puits.

Le cadet des frères, Gustave, inquiet de ne pas revoir son frère et averti des intentions de ce dernier, prit la direction d'Hornu. Ainsi lancé sur les traces de son frère, il aboutit chez Jacques qui lui réserva l'accueil habituel. La soirée s'écoula en discutant de la conduite "probable" de Nicolas, du règlement de la dette pour laquelle le berger s'empressa de montrer l'acquit en bonne et due forme, et, comme toujours, la bouteille de genièvre était de la partie. Fatigué, Gustave accepta l'hospitalité de son hôte et sombra dans un profond sommeil. Le berger choisit donc ce moment pour l'étrangler et le cacher sous le tas de fumier.

Pierre-Joseph, le 3ème frère, s'inquiéta à son tour de ne pas avoir de nouvelles de ses 2 frères et une nouvelle et ultime expédition commença. De ferme en ferme, ses recherches l'amenèrent à Hornu, chez le berger. Le scénario ne varia guère et Pierre-Joseph subit le même sort que ses frères : il finit étranglé et jeté dans le puits.

Le mardi 7 avril, leur sœur Louise fit le voyage et, inquiète, confia ses craintes à la justice. L'enquête fut longue et toutes sortes de bruits circulaient dans le village à propos du berger.

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Dans cet intervalle, le beau-père de Jacques mourut dans des circonstances mystérieuses, de même que son épouse Constance. Des analyses furent faites et révélèrent qu'ils avaient été empoisonnés à l'arsenic.

Interpellé, il avoua l'homicide des 3 frères. Il relata les 3 crimes avec un calme désarmant, sans regrets. Il expliqua comment il avait prémédité ses coups, préparé le narcotique pour endormir ses victimes et empoisonné la tisane de sa femme par petites doses d'arsenic.

Jacques Dessous le Moustier fut condamné à mort par la Cour d'assises du Hainaut le 28 mars 1870. Il mourut à Louvain le 1er octobre 1904 après 34 années de bagne.

La morale de cette histoire est que : "Bien mal acquis ne profite jamais".

In patois : "El bac se r'tourne toudis su l'pourchau".

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